Maillon héritage : Le fabuleux esprit de Beckie Scott

« Bienvenue à notre nouvelle série Maillon héritage, où nous présentons périodiquement des athlètes qui ont déjà été appuyés par l’ICS Calgary et l’incidence qu’ils continuent d’avoir dans leurs collectivités, partout au pays et ailleurs dans le monde. »

Maillon héritage : Le fabuleux esprit de Beckie Scott

Les Canadiennes et les Canadiens connaissent bien son histoire – cette farouche opposante au dopage devenue championne olympique en ski de fond a consolidé son héritage en tant que leader du sport « propre » à une époque où le dopage régnait à l’insu de tous dans les coulisses du sport olympique.

Originaire de Vermillon, en Alberta, où elle a développé la détermination et le désir de devenir une légende canadienne dans son sport, Mme Scott a trouvé le courage de s’opposer publiquement au dopage qu’elle savait très répandu, opposition que les athlètes n’osaient pas encore verbaliser. Ce faisant, le manuel sur le sport propre a changé de nature.

La carrière de Mme Scott témoigne non seulement de sa capacité en tant qu’athlète, mais également de sa force de caractère. Ses innombrables médailles sont peu de chose comparativement à l’incidence qu’elle a eue dans le monde de la lutte contre le dopage et du sport propre. Parmi ses rôles, notons sa présence en tant que membre de la Commission des athlètes du Comité international olympique et du conseil de l’Agence mondiale antidopage (AMA), où elle a lutté en faveur de vigoureux règlements antidopage et de sanctions plus sévères. Elle a également soutenu l’organisme Right to Play et l’UNICEF en travaillant à rendre autonomes les jeunes défavorisés partout dans le monde.

Si elle en était restée là, ce qui aurait certes été suffisant, on lui aurait facilement pardonné de s’être évanouie sans plus dans le décor. Mais, il se serait agi d’une sous-estimation grave de son potentiel, malgré ses propres réserves quant à l’avenir.

Bien que sa retraite du sport allait de soi en 2006, ce qui s’en est suivi pour Mme Scott ne fut ni limpide ni facile, surtout en tant que mère de deux jeunes enfants. « J’ai passé des années en véritable quête du prochain grand défi, se rappelle Mme Scott. « Je me préoccupais beaucoup de ce que j’allais faire. Je ne savais pas ce que je voulais faire, et ce fut longtemps réellement difficile. »

Donc, en plus de son travail permanent à lʼAMA, elle a accepté d’autres occasions qui lui étaient offertes, y compris un rôle en tant qu’ambassadrice d’un programme de ski de fond pour de jeunes Autochtones en Alberta, programme qui s’appelait alors Ski Fit North. Après plusieurs années d’engagement, elle a constaté la profondeur des répercussions sur les jeunes Autochtones et elle s’est laissée inspirer par l’idée que cela puisse avoir une envergure encore plus grande.

« Quand j’ai pris conscience des effets qu’il pourrait avoir, j’ai souhaité que le programme grandisse, qu’il se renforce », explique Mme Scott. Cette détermination l’a menée à prendre l’organisme en charge, à en changer le nom, à en redéfinir la marque et à reconstruire le programme qui vient d’être relancé en tant que Spirit North. Avec Mme Scott comme chef de sa direction, Spirit North vise à améliorer la santé et le bien-être des enfants et des jeunes autochtones grâce au pouvoir transformateur du sport et du jeu.

« C’est une question d’utiliser le sport pour le développement, explique Mme Scott. Mais aussi d’utiliser le sport comme outil de justice, quelque chose dont je suis devenue très sensible à la lumière de la récente Commission de vérité et réconciliation et des enjeux auxquels l’éducation des jeunes Autochtones doit faire face au Canada. »

Sans qu’elle le sache, le travail de Mme Scott auprès de Spirit North suit les traces laissées il y a plusieurs décennies par son père, Walter Scott, qui est décédé de la maladie de Parkinson en décembre dernier. Peu de temps avant son décès, il a publié le récit de sa vie, y racontant sa vie au Canada après avoir immigré depuis l’Allemagne de l’Est en 1956.

Un des premiers emplois de M. Scott au Canada a été d’enseigner la natation et les compétences nautiques aux Inuits dans les collectivités de l’ensemble des Territoires du Nord-Ouest, ce qui a eu une importante incidence sur leur vie. Mme Scott indique que la lecture de nouveaux détails au sujet de la vie de son père a été une révélation et a eu un fort écho sur le travail qu’elle accomplit maintenant avec Spirit North.

Ce qui ressort clairement dans cet ouvrage, c’est une détermination inébranlable de faire les choses correctement, dans le sport et grâce au sport. Son fabuleux esprit résiste au nombre infini de défis qu’il faut surmonter pour atteindre un niveau aussi élevé de pratique sportive propre et engendrer un avenir meilleur pour les jeunes Autochtones.

On ne peut sous-estimer la force qui sous-tend l’optimisme impénétrable de Mme Scott. À la lumière de la récente crise du dopage en Russie, qui pourrait suffire à faire perdre confiance même au plus ardent des combattants, Mme Scott s’est plutôt raffermie, a retroussé ses manches et repris la lutte avec d’autant plus de vigueur.

En réaction au scandale, la Commission des athlètes de lʼAMA, dont Mme Scott est la présidente, travaille maintenant à l’établissement d’une charte des droits des athlètes, un document qui décrira les droits de l’athlète et qui sera juridiquement valable, ambitieux et intégré au code de lutte contre le dopage.

« Nous avons entendu tant d’athlètes qui étaient tellement bouleversés et désillusionnés, rappelle Mme Scott. Et avec raison. Nous avons voulu réagir à cette situation et leur dire : "Nous vous entendons". » Mme Scott explique que la charte donnera aux athlètes une parole plus puissante, un pouvoir de s’exprimer, de se tenir fièrement debout en disant : « J’ai le droit de pratiquer mon sport proprement ».

Même quand il semble ne plus y avoir d’espoir, la grande volonté de Mme Scott la garde à flot. « Il y a de formidables forces qui œuvrent contre l’équité dans les sports de nos jours, se plaint-elle. Notons les risques de politisation du sport et le niveau de corruption qui atteint des sommets sans précédent. »

Et pourtant, elle garde le cap. « Je sais pertinemment qu’il y a encore un tas de bonnes personnes à l’intérieur qui défendent la bonne cause, affirme Mme Scott. Je suis toujours en contact avec un grand nombre d’athlètes qui croient en la puissance des Jeux olympiques et du sport sans dopage. Ça vaut la peine de lutter et ça mérite d’être protégé. »

C’est par le biais de batailles acharnées contre l’immoralité et l’injustice, grâce à son expérience de la maternité et du deuil, que Mme Scott a bouclé la boucle – un nouveau départ après la fin, sur une voie qui s’est simplement révélée à elle. Elle est motivée par la connaissance et l’espoir qu’il y a une meilleure voie, que le changement est possible – il est possible pour les athlètes de pratiquer leur sport sans dopage; pour les jeunes Autochtones, il est possible d’avoir un avenir meilleur.

En fin de compte, Mme Scott a trouvé ce qu’elle recherchait depuis longtemps, ou plutôt, précise-t-elle, ce qu’elle recherchait l’a trouvée. Ce n’est pas très différent de ce qu’elle a toujours fait – ces passions pour la pratique du sport sans dopage et pour le sport en faveur de la justice sont profondes – mais dorénavant, c’est entièrement entre ses mains et selon ses propres convictions. Fantastique Mme Scott : son héritage fleurit à nouveau.

Institut canadien du sport de calgary: @csicalgary
Rédigé par Kristina Groves: @kngrover
08/11/17

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